Le choix du « coût marginal », un mode de décision dangereux

Dans son livre « How Will You Measure Your Life », Clayton Christensen, professeur à la Harvard Business School et spécialiste renommé des mécanismes de disruption au sein des organisations, explique comment des entreprises à la fois reconnues et performantes ont fini par disparaître. Il s’intéresse notamment aux décisions prises dans des objectifs court-termes, afin d’obtenir des résultats immédiats. En période de crise, ce type de décision peut même devenir la norme…
En effet, confronté à la tentation d’atteindre rapidement nos objectifs, parfois sans autre préoccupation (éthique, humaine, environnementale, stratégique…) nous pourrions estimer que les conséquences négatives de notre action, « uniquement pour cette fois-ci » seront acceptables, voire négligeables. Dans l’instant, on n’évalue pas vraiment le coût total que ce choix implique. Reconnaissons que beaucoup de décisions superficielles, peu éthiques, parfois plus ou moins honnêtes sont prises dans cet élan de « juste pour cette fois-ci ».
A première vue, les avantages immédiats de telles décisions semblent supérieurs aux coûts ultérieurs, jugés « marginaux », d’où l’expression « doctrine du coût marginal ». Quand ce mode de pensée devient une habitude et que les gains immédiats s’accumulent, on peut croire que, finalement, on a pris la bonne décision…
Le défi auquel la plupart des entreprises et des dirigeants sont confrontés est cette tendance à tirer parti de ce qui a bien déjà fonctionné, au lieu de développer les capacités nécessaires pour préparer le futur. L’avenir étant souvent bien différent du passé, arrive le moment où la somme des conséquences négatives fini par dépasser les avantages immédiats obtenus. Ce n’est donc pas la bonne chose à faire.
Ainsi, lorsque nous avons des choix importants à faire, le coût « étonnamment bas » de certaines décisions devrait attirer notre vigilance. Plus tard, face aux conséquences, en tant que dirigeants, il est souvent difficile de changer sa trajectoire. Dans ces conditions, le regard extérieur d’un partenaire professionnel et expérimenté, vous permettra d’obtenir la prise de recul nécessaire pour élever votre niveau de décision. A chaque instant, vous choisissez le court- ou le long-terme ?

Le choix d’atteindre un objectif à long-terme n’est pas toujours évident, ni même toujours pratique. Aurons-nous les moyens et la capacité de faire les bons choix ? La difficulté pour envisager le long-terme vient le plus souvent des conditions du présent : si nous pensons le futur à partir du présent, nous allons construire des lignes Maginot adaptées à nos anciennes batailles.
L’approche projective, que nous aborderons dans un prochain article est plus motivante : ne regardons pas le futur issu d’un présent subi, mais considérons plutôt l’actuel présent à partir d’un futur désiré.
Savoir désirer son futur est essentiel. Cela vous parle ?
Michel PICARIELLO – coaching et formation d’équipes dirigeantes